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LES VALADE

rapprochant. La rafale, soudain, se change en cyclone et le fouet de la grêle cingle ma pauvre masure. Le feu du ciel illumine à toute seconde les murs du bureau. Aux joints des pièces, la mousse se dresse, comme des cheveux. La tempête s’infiltre, souveraine.

La pluie tombe en grappes pesantes. C’est un demi-jour blafard transformé aussitôt en nuit. Étreintes rapides de la lumière et de l’obscurité.

De ma porte ouverte, je vois la forêt tordue, penchée. Les décharges électriques roulent ou glissent sur tous les arbres, devenus des squelettes et se tordant, en une chevauchée de cadavres. Les feuilles, sous la clarté d’un rose pâle de la foudre, imitent la peau des noyés. La boîte du téléphone crache des flammes. Les chiens apeurés enfoncent le moustiquaire. Trois d’entre eux se cachent sous mon lit. Un quatrième saute à mes pieds. — Les pauvres bêtes, croyant tout de même à la supériorité de l’homme. — La terre tremble. Le chantier oscille, et, sans arrêt, les clartés d’enfer confondent tout, la pluie, le vent, l’ombre et les choses, en une horreur sublime…

Un éclair fulgurant s’abat sur un pin, près du bois. L’arbre résiste un moment. Ses fibres se transforment en phosphore. Puis, il tourne