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ÉPILOGUE

aux pieds de la catherinette heureuse. Le ruban cramoisi se brise soudain. Les deux gourmands scandalisés tombent sur le derrière.

Les rayons, appesantis d’or, retardent avant d’aller lutiner les framboises.

N’ayez crainte, citadins.

La race vivra.

***

Terre Laurentienne ! Il y a trois siècles, un embryon de petit peuple s’est accroché à tes flancs. Désespérément d’abord, mais devenant plus fort, au fur et à mesure qu’il sortait de tes chênes et de tes pins, le bois de ses caresses et de son dernier repos…

Il a, ce peuple, appris à ne pas avoir peur, en s’endormant à la musique de tes tonnerres.

Il a, ce peuple, compris la fécondité, en voyant le manteau de tes glorieux hivers redonner toujours au sol les plus blondes moissons.

Il a, ce peuple, réalisé ses devoirs d’expansion, en admirant le cours majestueux autant qu’immuable de ton fleuve, le Saint-Laurent, le plus beau au monde, et qui baigne de ses flots la moitié d’un hémisphère.

Ton cœur, le roc de Québec, est le sien.

Ton cerveau, la sève du Mont-Royal, est encore le sien.