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À LA HACHE

moindre accident, le saut se terminerait, pour hommes et chevaux, ad patres

Une rude journée se termine. Les voitures arrivent. Grosses chenilles rouges, à la suite. On enlève les harnais, en face de la boutique de forge. Les chevaux libérés courent boire au trou du lac. Ils reviennent joyeusement, se roulent dans la neige, demandant une pincée de sel au cuisinier pour s’engouffrer dans l’écurie à l’appel de l’avoine.

Après le souper je vais demander le bilan des voyages. Les charretiers crient leurs totaux sans se déranger, fumant, lisant, au soleil des lampes huileuses.

Un chant vole sur la neige à l’orée du bois.

— À la didae, la didie, la didae, la raie…

Intermission de cinq minutes. La porte s’ouvre furieusement.

— Bonsoir « Bougon », comment est la queue ?

— Allez toute sus l’diable ! J’voudrais ben vous la faire tenir la maudite queue.

Le nouveau venu tire ses mitaines sous la « truie », rageusement. Il secoue son mackina, l’étend sur la perche après avoir jeté par terre la chemise d’un compagnon et court à la cuisine.

Boischer me sourit et affirme :

— Not’ Bougon est marabout, à soir.