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LE CHARROYAGE

rêtent et regardent, amusés. Le charretier saute à terre, flatte ses bêtes et court demander du sable chaud.

— Albert Brault, vous êtes donc endormi ?… J’veux du sable.

À l’arrière d’une butte, dans un feu clair, large, écrasé. Des poches vides imitent un tapis rare sur le sol. Une chaudière remplie d’eau, afin de refroidir les braises trop curieuses, et Brault, plongé dans la lecture des « Anciens Canadiens », de Gaspé.

Le trou de sable descend, large, dans le flanc de la colline. Les deux hommes se jettent sur l’épaule chacun un sac de poudre vive. Lentement, avec des gestes de semeurs, ils saupoudrent la descente, sur toute son étendue. La terre chaude se colle aux glaces et y dessine tous les caprices, en attendant la charge.

Le conducteur saute sur sa mansarde mouvante. Il envisage, sans aucun effroi, et les arbres, tout près, et cette pente, un trou d’enfer, aux lèvres rousses. Peu à peu, l’acier des traîneaux accroche son aimant. Le voyage coule à peine. Dionne debout, les jambes arquées, les guides tendues, examine tout, avec soin.

— Woa, « Pitoune… Argué, Danny… Dou… doucement, mes p’tits… on va l’avoir… on l’a !…

La pesanteur des huit tonnes de bois s’accen-