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À LA HACHE

L’officiant ne peut réprimer un sourire. Prière magnifique, en la circonstance. L’enfant Dieu rit, à travers son voile enfariné. D’ailleurs, quelle plus belle parure peut-il désirer ? Et l’âme des assistants se fiche pas mal des fautes de diction. Les hommes sont retournés à leurs quartiers. Les clochetons de l’équipage Valade font s’étirer la neige, dans la route de l’île. Le missionnaire refuse mon lit et s’étend sur le plancher noueux, près de la fournaise, après m’avoir déclaré, tout en enlevant sa soutane :

— Le prêtre qui a dormi dans les tranchées n’a pas peur de se reposer comme son Roi.

Trouant le grand silence argenté de la nuit de Noël, la voix de Joseph Laurence pénètre les vitres. Il est encore à répéter à son intime, le forgeron :

— Cré gué ! on a eu ane rôdeuse de belle messe…

Le sommeil me caresse enfin. Ma conscience sombre dans un avenir radiant. Je sais où trouver, toujours, l’âme de la race…

***

Mlle  Valade est repartie pour le lac des Sables, avec ses chiens et tout son amour.

Les deux fiancés se sont aimés, tout un jour, en grands enfants timides et beaux. La paix de Noël était sur eux.