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VIII

VEILLÉE DE NOËL


Mon retour au Dépôt est autrement mouvementé que le départ. En prenant la route, au lac Jérôme, un chevreuil passe à dix verges de mes chiens. Les bêtes donnent. L’animal, d’un saut, est sur la glace. La traîne suit. J’ai à peine le temps de me gripper aux barres des côtés. Devant moi, une lagune de cinq milles. Il y a peu de neige, au-dessus d’un verglas brillant. La chasse-galerie commence.

Tout à coup, le chevreuil fait un brusque écart et change de direction. Les chiens font de même, sans m’avertir, bien entendu. Et je glisse cent pieds, sur une épaule et la fesse, ne voyant plus qu’un jeu d’éclairs bariolés. Le traîneau tourne au loin, plane ou tombe en oriflamme.

Après vingt minutes à compter les nuages, je vois mes compagnons qui reviennent, heureux d’une fugue à la mode des routes nationales. « Nana » sent mes mitaines. Une douleur grossit mon épaule. Nous repartons contents tous les