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À LA HACHE

Les six chevaux sont attelés à la charrue. Boisvert est encore et toujours content.

— J’vas la passer dans toutes les fourches… La moitié d’mon bois doit être repilé sus le maître-chemin. Pis, après l’jour de l’An, vogue Ti-Pierre, avec les chemins de glace. Des voyages de 250 billots, larges comme des maisons. J’vous invite à v’nir arroser, autour des Rois. Rien de bon comme ça pour l’Canayen, toute ane nuit d’arrosage. Vous savez, commis, nous autres, quand on bûche, on bûche, quand on charrie, on charrie, puis quand on veut on veut. C’est ben simple, on est pire qu’les femmes, des fois, quand on a décidé quelque chose. V’nez-vous ? mes hommes sont parés.

Je fais deux pas. Des glaçons se prélassent déjà dans ma moustache. Pourquoi donc avoir cette glacière automatique.

Je saute sur la charrue. Un monstre, large de 8 pieds. Avec des oreilles aussi longues. Et cette gueule d’acier, taillée en pente, défiant tout.

Bazinet a l’honneur de conduire. Comme ils brillent, les fiers chevaux blancs. La longueur des guides les caresse. Des muscles noirs, auxquels ils obéissent admirablement. Ici pas d’efforts. Dix mille livres de viande nerveuse, de force animale, voulant trop parfois, ne con-