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À LA HACHE

bépine se tendent des foulards en laine claire. Un tout petit cèdre salue, guindé dans sa chemise à plastron. Et les pâles baies sauvages, hautes comme ça, enfoncent davantage leurs cornettes d’infirmières, en dédaignant son appel.

Il neige.

***

J’attends Joseph Laurence. Au souper, le bonhomme m’a confié avoir un gros service à demander. J’avoue y perdre mon latin. Peut-être veut-il me faire additionner ses gages ? Il envoie souvent des sous à ses petits-fils.

La clanche de la porte tombe plus doucement, bourrée de neige. Mon ami entre, secoue les bras, frappe ses jambes sur le parquet, tape sa tuque sur ses épaules, puis sur la fournaise, qui chante sa joie depuis tantôt. Avec son mouchoir il essuie un front d’accordéon. Sa barbe luit. L’eau du ciel, figée, s’y évapore.

— Bonsoir, l’commis. C’est ane vraie bordée, hein, pour la première. J’lai sentie v’nir, et depuis deux jours que j’disais à « Manzar » : « Le temps s’morpionne, y va neiger ». Tant mieux, les blés donneront plus. Le dicton : « Neige d’octobre, pain pour juillet », ne s’est pas encore trompé, que je sache.