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LE COMPTAGE

milliers, ils vont de leurs scies mobiles : criste… criste… criste… La poussière de fibre tombe en neige, douce, sentant bon. Sève qui sèche. Grain qui se dilate.

Les vers-sapeurs tamisent les bâtisses neuves de leurs catacombes microscopiques. Il en est ainsi, dans les régions ravagées par le feu. Vous marchez sous les bosquets sans feuilles, Une poudrerie de safran vous inonde, vous grise. D’ici trois ans, l’œuvre de destruction sera complétée. Les essences n’auront plus de valeur commerciale. C’est pourquoi, après chaque incendie, les coupes s’intensifient, dans les régions où les arbres ne sont pas tombés.

M. Charette me fait reconduire à la Cache par Lépine. En canot, s’il-vous-plaît.

Trois heures inoubliables sur l’onde, verte, rose ou mauve, au hasard des miroirs scintillants de tous les sommets. Dans les portages réchauffés, d’un lac à l’autre, j’écrase les derniers fruits, les rares bleuets.

Tapis d’orient déroulé par Dieu sous mes pas, aux veloutés caressant jusqu’à l’âme.

Sur le lac Clair, nous croisons Osias Valade. Le fils de Clément est tout gai de voir du monde. Il s’écrie :

— Le bonjour, le commis. Le bonjour, le Félis. Et vous, l’marqueux d’temps, j’vous in-