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À LA HACHE

le beau sexe doit toujours avoir la meilleure place, même en plein bois.

Les étrilles pendent aux poteaux. Elles s’usent déjà, remplies de poils argentés. Les harnais ne troublent aucunement les rêves de mes amis. Pas de bride énorme, qui veut mordre dans l’ombre ; fi des traits, pires que des chats à neuf queues ; des bourrures, larges autant que des précipices. Le tout est proprement remisé dans la boutique de forge.

Oui ! il y a maréchal, au chantier. M. Pierrot Palette, alias le Casque, occupe le rond de cuir, ici. Il est grand, musclé, brave, joyeux et fort mangeur. Que demander de plus à un forgeron ?

Les chaînes de pilage et autres accessoires de coupe s’étirent dans l’herbe rousse. Leur argent brille et traîne. Les charrues à neige, rouges autant que neuves, le réservoir à glacer les chemins d’hiver, se moquent du travail. Ils attendent bravement Santa Claus en déployant leur ampleur parmi les pins.

La digue ouverte laisse couler son eau. Un lit de granit, rose et brun, la reçoit froidement. Elle continue sa chanson de grisette, en dansant, vers le bassin de joncs, plus hospitalier.

Une journée remplie s’est effacée avec les derniers rayons fous. Le campement repose. Des