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UN BAL À L’HUILE

moelleux, à lettres rouges, entourant une couronne royale.

Applaudissements prolongés. Chacun se pousse du coude. Regards d’attente heureuse. Chuchotements.

— Y t’la frotte, lui, l’archet…

— C’est l’meilleur poignet du canton. Et ses complaintes, donc !

— Y fausse des fois, mais on sait ben qu’y a pas eu d’professeur…

Un cri général.

— Dionne, ane gigue à deux !…

Puis, toutes les voix, délirantes :

— L’Épicier, Laurence, Jos., Manzar…

Les deux vieux s’avancent. Il faut bien se moucher. Aussi, un coup de pouce aux bretelles. Les pantalons doivent demeurer en place. Enfin, deux crachats de chique dans la porte ouverte. L’un d’eux assomme Cailleron, qui se sauve conter l’aventure à Jeanne…

Les « danseux » se donnent la main, tournent sur eux-mêmes, par deux fois, se font une révérence, toussent et regardent le violonneux.

— Gratte-nous le « reel » du pendu !

Tous les titres sont bons pour Desrosiers. Il commence une gigue endiablée. Avec quelle justesse mes amis augmentent leurs pas et s’accordent.