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À LA HACHE

tion, gloire, tu es tout cela, souche rugueuse de ma forêt !

…Approchez, débutantes, blondes et brunes, au dos nu ! Venez, jeunes premiers, dans l’étouffement de vos collets empesés ! Regardez, concluez…

***

Le plancher du grand hangar luit de toutes ses planches, usées par des générations de pois et de fèves. Les hommes sont assis, nombreux. Sièges d’orchestre : caisses à tomates, raisin, pommes et pruneaux. Parterre : rangées à coussins blancs, des sacs de farine. Galerie, en amphithéâtre : des piles d’avoines, en leurs enveloppes de lin. Accessoires : dix lanternes, des étoiles aplaties, mais brillantes. Matous et chattes s’étendent sur les entraits. La musique les charmera voluptueusement tout à l’heure.

Les deux grandes portes sont ouvertes. La forêt y engouffre ses parfums et ses chants. Le soleil y poudroie un crépuscule de chair rose.

Dionne Desrosiers entre avec son violon, chaussé de bottes aux genoux, avec lacets traînants. Sa poitrine velue se gonfle sous la laine. Pas de soie ici, à fleur de peau. Il prend place sur la balance, où trône un énorme sac de gru,