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I

UN FEU DE FORÊT


Depuis quelques jours l’horizon est enfumé. Le soleil semble malade. Une attaque de jaunisse. Les nuages sont jaune moutarde et s’épaississent à vue d’œil. Hier soir, une lueur cramoisie illuminait le ciel.

Tom Brousseau m’a renseigné. Un incendie fait rage, à 40 milles du lac Kaasacouta, sur la rivière Bull. Je suis au courant de sa progression, d’heure en heure. Saint-Michel, averti par téléphone, envoie des hydroplanes avec des hommes et des pompes, le plus tôt possible.

Nous avons, au Dépôt, par sûreté, roulé dans le lac 65 gros bidons de pétrole, d’une capacité de 50 gallons chacun. Les tortues de fer ne montrent plus qu’un bec grisâtre. Il y a juste assez d’air à l’intérieur pour les empêcher de caler.

Je n’oublierai jamais l’appel anxieux de Brousseau, son cri de brave, en ce soir d’août sinistre.