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CORVÉES D’ÉTÉ

Quand les barils renversent, Joseph Laurence, toujours à l’avant lorsqu’il s’agit de tailler, fabrique des bouchons en cèdre. Il les ajuste un à un, bouche les couvercles mouillés d’un coup de massue.

Quatre heures de travail. Et tout le porc est noyé dans l’épais sirop de mer. Les chevaux entrent en scène. Les barils sont roulés dans l’excavation, placés les uns sur les autres et séparés par des longueurs en pruche. Il fait un peu chaud. Chaque unité pèse 450 livres. Mais la limonade à la farine d’avoine et essence de citron de Desrochers est excellente. Inutile de dire que nous buvons à satiété.

Enfin, attelées à une pelle à manchons, les bêtes charroient le sable, jusqu’à ce que la richesse faiseuse de muscles soit recouverte d’une épaisse couche molle et brune.

J’ai toujours aimé cette opération. Quelle source d’énergie latente, aux réserves de la patrie, nous venons de manipuler. Et, ne semble-t-il pas que ces semaines de tombeau, avant le retour des bûcherons, donnent à la viande une force nouvelle ? Ces briquettes de porc, jadis engraissées au village de chez nous, soutireront une nouvelle sève d’entrailles. Elles la redonneront gloutonnement aux fils de ma province, lorsqu’ils reviendront avec les premiers froids.