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situation politique unionnelle

On s’était cependant trompé. Du jour où la façon d’agir du gouvernement suédois, contraire à l’entente établie et à sa propre proposition, fut connue en Norvège, les Norvégiens furent de suite réunis en un seul parti avec la ferme volonté de repousser toutes les tentatives d’empiétement de la part de la Suède et de faire respecter notre droit comme royaume souverain. Nous avons été, autant qu’on peut l’exiger, pleins d’égards et de prévenances ; nous avons à plusieurs reprises, négocié avec la Suède, pas au sujet de notre droit, mais en vue d’arriver à un accord amical ; et qu’avons-nous obtenu ? Tout simplement que la Suède traînât les choses en longueur, ce qu’elle fit d’ailleurs en nous humiliant profondément.

Nous en étions arrivés à l’heure où il fallait que cette situation cessât, car nous n’avions plus le choix. Puisque la Suède avait prétendu, contre toute justice, exercer une influence sur nos propres affaires, c’eût été renoncer à notre souveraineté que de fléchir, et notre dignité comme nation, notre indépendance exigeaient le règlement de la question. C’est ainsi, et seulement ainsi qu’il faut comprendre la volonté que nous avons émise à l’unanimité de créer un service consulaire distinct ; cette question est devenue pour nous la ligne de démarcation entre notre indépendance et la renonciation à notre autonomie. Comme nous ne voulons pas, de bon gré, renoncer à notre souveraineté, nous sommes fermement résolus à terminer cette affaire qui nous est propre, en laissant de côté