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résumé de l’histoire de l’union

Nous ne pouvons mentionner ici tous les froissements qui sont résultés de cette situation entre les deux pays ; cela nous mènerait trop loin. Disons seulement qu’à plusieurs reprises, les rapports ont été très tendus : peut-être le pouvoir royal eût-il volontiers consenti à accéder au vœu des Norvégiens, mais il a toujours, dans les moments décisifs, été contraint par la Suède, plus puissante, à se rallier à son point de vue.

C’est ce qui se passa, par exemple, en 1860, lorsque les Norvégiens voulurent abroger un article de leur Constitution, donnant au roi le droit de nommer un gouverneur en Norvège, et, qui plus est, de choisir pour ce poste un Suédois. À la presque unanimité, la suppression de ces fonctions fut votée par le Storthing le 9 décembre 1809. Le roi Charles xv avait promis à son ministère norvégien de sanctionner cette modification à la Constitution ; mais le parti des hobereaux à la Chambre des seigneurs de Suède manifesta son opinion à ce sujet de telle façon qu’il n’est plus permis de douter de ce qu’était alors la situation. Le comte K. H. Anckarsvärd présenta à la Chambre de la noblesse une motion conçue dans les termes les plus amers et les plus offensants pour les Norvégiens ; c’était une attaque violente contre la politique norvégienne de la maison royale ; on y revendiquait la suprématie (« le principat ») de la Suède, et on réclamait une révision des conditions de l’union. Le comte Anckarsvärd, qui avait été en 1809 officier dans l’armée suédoise,