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la norvège et l’union avec la suède

clus, si l’équilibre des pouvoirs publics est rompu, si toutes les formes constitutionnelles sont méconnues par le pouvoir législatif, le roi sera excusable devant sa conscience et par devant l’Europe, le jour où il se décidera à protéger le bonheur et les intérêts de la grande masse contre les erreurs de quelques individus isolés[1]. » Dans de telles conditions, Charles-Jean se reconnaissait, à ce qu’il dit, le droit absolu de dire à la Norvège : « Vous rompez, de votre côté, l’entente à laquelle j’ai accordé mon approbation ; je rentre, par suite, en possession des droits qui me sont confiés par le traité de Kiel, et je vous reprends la liberté que je vous avais octroyée, mais dont vous avez fait un si mauvais usage.

Le roi fait encore mention d’un autre moyen qui serait également une solution, et qui consisterait à amalgamer complètement les deux royaumes. Cependant, il n’entend avoir recours à ni l’un ni l’autre de ces deux moyens ; mais, dans le cas où, par égoïsme ou par aveuglement, on continuerait à méconnaître ses conseils, il se verrait forcé de réédifier l’édifice constitutionnel de la Norvège sur des bases plus rassurantes pour la sécurité générale.

Pour ces raisons, le roi désirait sincèrement savoir ce que pensaient ses alliés des mesures

  1. Dans le conflit actuel, entre la Norvège et la Suède, on rencontre à peu près les mêmes expressions dans la presse suédoise lorsqu’elle parle de notre pays. C’est là une coïncidence remarquable, et qui ne doit pas être purement fortuite.