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résumé de l’histoire de l’union

tout dire que le peuple suédois porte à ces questions un intérêt vraiment trop minime.

De plus, les classes supérieures et aristocratiques qui occupent encore une place prépondérante dans la société suédoise, ont toujours eu une tendance à considérer avec un certain dédain, le peuple « paysan » de la Norvège. Ne connaissant, comme il le faudrait, ni l’histoire antérieure de notre pays, ni les circonstances qui ont présidé à la genèse de l’union, ces classes nous ont qualifiés d’arrogance illégitime et même d’ingratitude, lorsque nous exigions de vivre sur le pied d’égalité.

On s’est réellement imaginé qu’en 1814, la Suède avait gracieusement aidé la Norvège a secouer le joug danois, et qu’elle avait contribué ainsi à l’élever au rang de royaume indépendant.

Nous voyons de nos jours les résultats d’une pareille ignorance, lorsque, par exemple, un homme comme le Dr Sven Hedin fait savoir au monde entier dans un journal étranger[1] que les hommes qui dirigent la politique agressive de la Norvège « oublient les vieux rapports de la Suède avec l’Europe centrale, et ne se rappellent plus qu’aux heures où les vainqueurs de Lutzen et de Narva forçaient l’admiration du monde, la Norvège n’était qu’une province du Danemark, quelle continua à l’être jusqu’en 1814, où elle fut promue à la dignité d’État souverain, uni à la Suède sous un même roi ».

De pareilles assertions, faisant de la Norvège

  1. Gazette de Cologne, 22 avril 1905.