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la norvège et l’union avec la suède

Ce qui est certain, c’est que le peuple suédois insista vivement auprès de Charles-Jean pour le décider à poursuivre la campagne, et à tenir la promesse qu’il avait faite de conquérir la Norvège pour la Suède ; mais il répondit que s’il avait 40,000 hommes et 6 millions pour lui permettre de continuer la campagne pendant six mois, il saurait bien obliger les Norvégiens à ne faire valoir d’autres droits que ceux d’une nation vaincue ; ces moyens malheureusement lui faisaient défaut[1].

De toutes façons, Charles-Jean joua son rôle avec une admirable souplesse, dans la situation difficile où il se trouvait à ce moment.

    bablement inspirées par Charles-Jean en personne, comme, d’ailleurs, le contexte semble le prouver. Dans le journal qu’elle faisait à la même époque, la reine de Suède s’exprime avec plus de sincérité encore. Voulant, comme elle le dit elle-même, fournir quelques détails secrets, elle écrit (Bonde, l. c., p. 190, note 1) que « les districts de Bergen et de Trondhjem pourraient résister pendant très longtemps, et que si les Norvégiens se retiraient seulement dans leurs montagnes, ils pourraient facilement s’y défendre Pendant ce temps, la Suède finirait peu à peu par perdre toute son armée, et serait en outre forcée de dépenser beaucoup d’argent, attendu qu’elle serait obligée de faire tous les frais de la guerre, sans aucune espèce de subsides. » En outre, Charles-Jean ne désirait aucune intervention du dehors, ni aucune assistance étrangère. « Il préférait, dit-elle, chercher à en imposer lui-même à ses futurs sujets. » Quand on lit ces déclarations confidentielles et tout à fait précises de la reine de Suède, uniquement basées sur les paroles de Charles-Jean lui-même, on ne peut se défendre d’un certain étonnement vis-à-vis des Suédois, lorsqu’ils vantent leur générosité et affirment qu’à ce moment ils avaient des chances de conquérir la Norvège.

  1. Schinkel-Bergman : Minnen, vol. viii.