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la norvège et l’union avec la suède

Alors qu’aucune rencontre décisive n’avait encore eu lieu, quand il était sur le point d’atteindre la première ligne de défense de l’armée norvégienne, au moment où il allait avoir à surmonter de terribles difficultés, Charles-Jean engagea des négociations avec les Norvégiens.

Les historiens ont eu des opinions très partagées sur les motifs qui poussèrent Charles-Jean à adopter cette conduite.

Ses admirateurs enthousiastes et ses défenseurs les plus zélés, voyant surtout en lui l’homme d’État perspicace, sont d’avis, qu’en sa qualité de futur souverain, il crut préférable d’essayer d’amener la Norvège à consentir une union volontaire avec la Suède, plutôt que de la contraindre les armes à la main.

D’autres auteurs, dont la plupart appartiennent à l’armée, et principalement le Danois Sörensen[1] et le Suédois Mankell[2] ont insisté particulièrement sur ce fait que la continuation de la guerre eût été très défavorable au général français Bernadotte, à cause de son ignorance complète de notre pays, et de notre tactique de combat. Ils croient que Charles-Jean prit cette décision comme général, car il avait deviné les difficultés insurmontables qui allaient surgir lorsqu’il se heurterait à la véritable ligne de défense des Norvégiens ; d’après eux, il aurait craint de ne pouvoir jamais, dans ce pays de

  1. Sörensen, Kampen ont Norge, Copenhague, 1871.
  2. Mankell, Felttogeti, Norge, 1814.