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introduction historique

retenir, elle fut toujours un royaume séparé[1].

Les rois avaient le droit absolu d’agir uniquement en leur qualité de rois de Norvège ; ils en usèrent d’ailleurs en diverses circonstances, par exemple, lors de la conclusion d’un traité de frontières entre la Norvège et la Suède. À ce sujet, il y a lieu de bien remarquer que la Norvège, depuis 1841, avait son armée indépendante et entièrement nationale ; cette armée a une histoire dont nous sommes fiers et qui fit ses preuves, lorsqu’au commencement du xixe siècle, les événements la forcèrent à intervenir.

Sous sa dynastie nationale, la Suède devint une puissance de premier rang ; sous Gustave-Adolphe, elle joua un rôle prépondérant dans l’histoire de l’Europe ; sous Charles xii, elle fut aux prises avec la nation qui se fondait sur sa frontière orientale, et on la vit lutter avec succès

  1. On a prétendu de différents côtés que la Norvège formait, en réalité, une province du Danemark ; on en donnait comme raison, qu’à la diète de Copenhague, en 1536, la noblesse danoise avait forcé le roi Christian iii à promettre dans les articles qu’il jurait, que, s’il réussissait à conquérir la Norvège par les armes, ce pays ne serait plus un royaume séparé, mais ferait désormais partie intégrante du Danemark ; mais, la Norvège n’ayant pas été conquise, l’engagement pris par le roi était nul. Cela a d’ailleurs été prouvé depuis longtemps déjà, dès le xviiie siècle, par des historiens danois et norvégiens ; il est parfaitement démontré qu’on n’a pas le droit de qualifier la Norvège de province ; Christian iii, lui-même, dans un traité conclu avec la Suède, un mois seulement après son élection, reconnaissait la situation spéciale de notre pays. La Norvège resta toujours un état souverain, et par suite, elle n’avait aucune obligation de se soumettre au traité de Kiel.