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À TRAVERS LE GRÖNLAND.

terre n’a rejeté, écrit Thoroddsen, autant de lave que le Lakis lors de cette éruption. Le cube de tous ces matériaux est, dit-on, égal à celui du mont Blanc[1].

Les régions sud-ouest et centrale de l’Islande sont particulièrement volcaniques. Les agents qui ont formé jadis les Ferö et l’Islande sont encore en activité dans ce dernier pays. Depuis les temps historiques les laves ont recouvert dans cette dernière île une surface de 9000 kilomètres carrés, s’étendant sur des tufs, des basaltes et des laves dont l’émission est antérieure à la période glaciaire. Tandis que les Ferö ne sont plus qu’une ruine, l’Islande est encore intacte.
côte nord des îles vestmanna.
En Islande les couches inclinent vers le centre de l’île, dessinant une sorte de coupe ; la même disposition se retrouve au Ferö, mais il n’y a plus là que les débris de la coupe. Si l’on admet que la terre se soulève par suite de la dilatation subie par les couches inférieures au fur et à mesure de la disparition des masses superficielles, la théorie proposée par M. Andréas Hansen dans un article sur les anciennes lignes de rivage (Strandlinier) (Nyt archiv for mathematik og naturvidenskab, Kristiania) me paraît exacte[2]. Lorsque la mer érode une terre comme aux Ferö et en Islande, les couches supérieures des côtes disparaissent peu à peu, la pression supportée par les couches inférieures devient par suite moins forte, et le sol éprouve un mouvement d’exhaussement. Aux Ferö, les côtes septentrionale et occidentale sont particulièrement soumises à l’éro-

  1. Voir A. Helland, Lakis Kratere. Unir, program., Kristiania, 1886.
  2. D’après certains géologues, le soulèvement survenu depuis l’époque glaciaire serait dû à la dilatation des couches supérieures du sol, qui s’est produite après la disparition de la carapace de glace dont elles étaient recouvertes.