Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
de norvège en islande. — l’écosse et les ferö.

Les habitants de cette capitale, comme tous ceux de l’archipel, vivent principalement des produits de la pêche et de l’élevage du mouton. Nulle part ailleurs dans le monde, ces animaux ne sont aussi nombreux qu’ici ; pour un habitant on compte dix-huit moutons.


montagnes de basalte du kvralsund, à l’ouest du klaksvig.

Une tempête ayant retenu le vapeur à Thorshavn du samedi au lundi matin, nous eûmes l’occasion de voir danser les indigènes. Chaque dimanche soir, à dix heures, s’ouvre le bal. La danse feröienne est fort curieuse. Hommes et femmes confondus forment un grand rond ou une chaîne. Le pas est celui d’une sorte de polka, rythmé par un air ancien chanté en chœur, presque toujours en feröien, quelquefois en danois, sur un ton très monotone. Tout ce monde fait un bruit épouvantable, chacun crie comme s’il voulait couvrir la voix de son voisin. La ronde continue jusqu’à une heure ou deux heures du matin, quelquefois plus tard dans les grandes circonstances. A-t-on envie de danser, on rompt le cercle et l’on y prend place. C’est ce que firent plusieurs membres de l’expédition, en ayant soin de se mettre entre deux jolies filles.

Cette ronde, la seule danse des Feröiens, provient des anciens Normands. Aux siècles passés, les Islandais en pratiquaient une du même genre, connue sous le nom de vikivaka. En Norvège, elle a disparu depuis longtemps. Les Feröiens se réunissent chaque dimanche soir pour se livrer à cette danse, depuis longtemps tombée en désuétude dans les autres pays scandinaves, et pour chanter des airs anciens.