Page:Nansen - À travers le Grönland, trad Rabot, 1893.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marchant sur des ski. À cette époque ces indigènes avaient donc la réputation de bons patineurs. Au milieu du xviiie siècle furent organisées en Norvège des compagnies de patineurs qui s’exerçaient chaque hiver.

En dehors des pays Scandinaves, les ski sont également connus
patineur montant et descendant un monticule. (dessin d’eivind nielsin, d’après une photographie.)
depuis les temps anciens. En Finlande, le Kalevala mentionne les ski ou suksi, comme on les appelle en finnois. Lisez par exemple le XIIIe chant de ce poème, la description de la chasse de Lemminkaïnen à l’élan d’Hiisi. Le morceau débute ainsi : « Maintenant mon épieu est ferré, mes flèches sont en ordre, la corde est tendue sur mon arc, mais je n’ai point de suksi pour marcher[1]. » Ce document fait à plusieurs reprises mention de ski recouverts de peau. Il rapporte également que Lemminkaïnen va trouver un Lapon pour lui acheter une paire de bons patins. D’après ce passage, les Finnois auraient, comme les Scandinaves, appris des Lapons l’art de se servir des ski. Dans sa forme actuelle, le Kalevala est de date récente, mais il remonte peut-être au XIIe ou XIIIe siècle.

En Russie on trouve les ski chez les Grands-Russiens, les Lettons, une partie des Polonais et chez toutes les races finnoises jusqu’au Volga. Herberstein, dans son célèbre ouvrage (Rerum moscovilicarum commentaria, 1549), raconte que les Permiens font usage de ces patins.

  1. Passage emprunté à l’excellente traduction du Kalevala par L. Léouzon-Leduc (Paris, Marpon et Flammarion, 1879).