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80e de latitude nord se trouve l’énorme glacier de Humboldt, et un pareil courant de glace ne peut être alimenté que par un immense réservoir glaciaire.

La coupe de l’inlandsis reproduite dans le corps du volume, p. 308, donne une idée précise de l’aspect du pays. Elle a été dressée d’après les nombreuses observations barométriques prises par M. Nansen et calculées par le professeur Mohn. Le point culminant que nous avons atteint est situé à environ 2 718 mètres au-dessus de la mer. Au nord de la région où l’inlandsis a été traversé par M. Nansen, le glacier s’élève par des pentes douces et doit, dans cette direction, atteindre une plus grande altitude.

Comme on peut le voir sur la coupe, l’inlandsis s’élève sur les deux versants, principalement sur celui de l’est, par des pentes rapides, puis au sommet présente une surface relativement plane.

Le point culminant atteint par M. Nansen setrouve a 180 kilomètres d’Umivik et à 270 de l’Ameralikfjord. L’extrémité supérieure de cette baie se trouve à 90 kilomètres de la pleine mer, tandis qu’Umivik n’en est séparé que par une distance de 20 kilomètres ; la ligne de faîte est donc située à 200 kilomètres de la mer vers l’est et a 560 vers l’ouest.

La coupe de l’inlandsis dans la région traversée par l’expédition est celle d’un dôme s’élevant des deux côtés dans la direction du nord.

L’expédition n’observa a la surface de l’inlandsis qu’un très petit nombre de crevasses. À 15 kilomètres de la côte orientale elle n’en rencontra plus, et vers l’ouest elle trouva les premières fentes à 40 ou 45 kilomètres de la côte. La région parcourue par M. Nansen n’était pas non plus sillonnée de torrents plus ou moins larges, comme les explorateurs précédents en avaient rencontré dans d’autres régions. À 25 ou 50 kilomètres seulement de la côte ouest, il rencontra de l’eau courante à la surface de l’inlandsis, et a 15 kilomètres du rivage oriental il n’en observa plus.

M. Nansen ne trouva point sur la partie est du glacier de cette poussière baptisée par Nordenskiold du nom de kryokonite. Sur le versant ouest, à une distance d’une trentaine de kilomètres de la côte, il en signale seulement une petite quantité. Les nappes d’eau dans lesquelles est entassée cette poussière étaient alors gelées. Nulle part, sauf sur la pente terminale de l’ouest, on ne rencontra de blocs erratiques ni de moraines.


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES


Température. — D’après les calculs du professeur Mohn, la température se serait probablement abaissée à — 45 degrés dans les nuits du 12 au 14 septembre. Du 11 au 16 septembre, alors que l’expédition se trouvait au point culminant de l’inlandsis ou un peu à l’ouest de ce point, la température moyenne fut de — 50 degrés à — 54 degrés. Elle setrouvait ainsi plus basse de 20 degrés que les prévisions ne le faisaient supposer.

Réduite au niveau de la mer, c’est la plus basse température moyenne qui eût jamais été observée. Elle serait de — 15 degrés, alors qu’à la Terre de Grinnell on en a noté seulement pour le mois de septembre — 9 degrés. Il y avait ainsi,