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équipement.

Ces brodequins sont très pratiques pour la marche sur les ski ou sur les raquettes. Ils sont plus solides que les hudsko[1] et les komager des Lapons, mais pas aussi chauds que les mocassins. Pendant le voyage sur l’inlandsis, à la fin de l’étape nous trouvions nos bas gelés à la semelle des souliers.

Les Lapons avaient chacun deux paires de komager. Balto en avait en outre apporté une troisième, à mon intention.

Les bons mocassins sont faits avec la peau des jambes des rennes mâles. La peau des membres postérieurs est employée pour la semelle elles côtés, celle des membres antérieurs pour le dessus de la chaussure ; le tout est ensuite cousu ensemble, la fourrure tournée vers l’extérieur. La peau de la tête du renne sert également à fabriquer des mocassins ; mais ces chaussures ont l’inconvénient d’être moins solides que celles faites avec la peau des jambes.

Les komager, que les Lapons remplissent de Carex vesicaria, et dans lesquels ils ne mettent ni bas ni chaussettes, sont très chauds et très agréables dans les courses sur les ski. Ces chaussures se détériorant rapidement à l’humidité, je n’en avais pas emporté pour les membres de l’expédition. À quelques milles de la côte orientale je chaussai les mocassins dont m’avait fait cadeau Balto ; ils me servirent pendant tout le voyage et durant l’hivernage ; lors de notre retour en Norvège, ils n’étaient cependant pas complètement usés ; notez que Balto les avait déjà portés pendant un hiver. Les mocassins de ce genre sont très pratiques dans les expéditions arctiques ; leur légèreté permet d’en emporter plusieurs paires pour chaque personne, mais il est nécessaire d’en prendre grand soin si l’on veut qu’ils fassent un long service. Lorsque les komager sont mouillés, il faut, le soir, retourner la fourrure à l’intérieur et dormir ainsi chaussés : pendant la nuit l’humidité disparaît.

Nous avions les mains couvertes de moufles en laine ; par-dessus, quand le temps était très froid, nous mettions des gants en peau de chien garnis extérieurement de leur fourrure. Les Lapons employèrent les gants en peau de renne dont ils se servent l’hiver. Remplis de carex, ils sont, comme les komager, très chauds. Pour manier

  1. Chaussures fabriquées avec un cuir de bœuf grossièrement tanné ou même de la peau de bœuf encore garnie de poil. Les patineurs emploient également beaucoup les komager.