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excursion à sardlok et kangek.

Nous longeâmes la côte pour être moins exposés, mais là également le courant portait avec force vers le nord. Les vagues nous arrivaient par l’arrière, hautes et menaçantes, et, pour ne pas chavirer, la plus grande prudence était nécessaire. J’avais un bon instructeur dans mon compagnon Elias, et pendant toute la tempête il se tint à côté de moi, autant du moins que le permettait l’agitation de la mer. Nous arrivâmes enfin à un point où la côte tourne à l’ouest et où nous étions par suite plus à l’abri. Mais là nous lûmes arrêtés par un petit champ de glace ; nous y découvrîmes heureusement une ouverture à travers laquelle nous nous glissâmes.


lame brisant au-dessus d’un kayak. (dessin d’a. bloch, d’après un croquis de m. nansen.)

Terkel, le meilleur harponneur de Sardlok, et son frère Hoseas, qui nous accompagnaient dans cette excursion, avaient pris également chacun un flétan. Ils réussirent à se mettre à l’abri un peu avant nous.

Nous amarrons les produits de notre pêche à nos kayaks et faisons nos préparatifs de départ. Un instant le vent semble mollir, mais cet espoir est de courte durée, et malgré la fraîcheur de la brise nous poursuivons notre roule vers Sardlok.

« Je suis souvent invité à manger du flétan chez les Eskimos, et après mes repas je vais de maison en maison faire de petites colla-