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EXCURSION À SARDLOR ET À KANGEK.

ligne une tension très forte à laquelle il semble d’abord qu’on ne puisse résister.

Une fois le flétan accroché à l’hameçon, c’est alors un rude travail que de haler la ligne, longue de 180 mètres, au bout de laquelle le poisson se débat violemment. Afin d’éviter tout accident, on fixe l’extrémité de la ligne au flotteur en vessie de morse dont est muni chaque kayak. Après bien des efforts on amène enfin le flétan à la surface, et, dès qu’il paraît, le pécheur lui assène plusieurs coups de bâton sur la tête ; malgré cela, il arrive souvent que le poisson ne meurt pas du coup, et qu’il échappe si l’on ne tient pas solidement la ligne. Grâce au flotteur, il n’est pas perdu, mais il faut de nouveau le haler hors de l’eau et ce n’est pas un petit travail.


repas dans une hutte grönlandaise. (dessin d’e. nielsen, d’après une photographie.)

Une fois, pendant cet exercice j’eus le nez et les joues gelés ; en les frictionnant avec de l’eau de mer et de la glace, je pus rétablir la circulation.

Le flétan tué, on le fixe par la bouche au flotteur, et on le remorque en tenant la ligne serrée entre les dents. Cette manœuvre n’est pas précisément agréable lorsque le temps est un peu gros.