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à travers le grönland.

caleçon de même tissu, un jersey également de laine, un pantalon, une jaquette et des jambières en vadmel[1].

La laine a sur le coton et les peaux l’avantage de laisser la transpiration s’exercer librement. Pendant le voyage il nous arriva de suer abondamment ; pour éviter les refroidissements, les précautions les plus minutieuses durent être prises ; sur le glacier, dans les endroits difficiles, nous étions souvent obligés de quitter nos jaquettes, et nous transpirions comme par les grandes chaleurs de l’été.

Chaque homme était muni d’un léger pardessus en toile à voile. Ce vêtement n’était malheureusement pas imperméable, mais dans les tourmentes de neige il nous rendit de grands services, en arrêtant la fine poussière neigeuse que le vent chassait. Sans la protection de ce pardessus, ces fines particules auraient pénétré à travers tous nos vêtements et, en fondant au contact du corps, nous auraient trempés. Ce vêtement était garni d’un large capuchon, pouvant être rabattu sur la figure pour l’abriter des morsures de la gelée.

Nous étions chaussés de brodequins connus en Norvège
un « lauparsko ».
sous le nom de lauparsko. Ils étaient en cuir, au lieu d’être en peau brute, comme ils sont généralement. Ces chaussures, dont la forme rappelle les komager des Lapons et les kamikkes des Eskimos, sont faites d’un morceau de cuir, relevé sur les côtés et cousu à un second morceau qui recouvre la partie supérieure du pied. Les Islandais font usage de brodequins du même genre très grossièrement confectionnés. Nous avions les pieds enveloppés de deux paires de bas épais, et sur le soufflet de la chaussure était appliquée une bande de peau de mouton destinée à tenir chaud et à absorber l’humidité.

  1. Drap grossier, lissé par les paysans norvégiens. (Note du traducteur.)