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dans l’austmannadal.

poche, pendant que je gravissais un monticule haut d’une centaine de mètres. Arrivé au sommet, quel ne fut pas mon étonnement d’apercevoir trois hommes qui avançaient de mon côté. C’étaient Dietrichson accompagné de deux Eskimos envoyés à notre rencontre et qu’il avait trouvés sur son chemin. Aussitôt je dégringole vers le campement pour annoncer aux autres la bonne nouvelle. Mes camarades voulaient à peine me croire ; aussitôt je fais du feu et remplis d’eau la marmite, car, pour sûr, les Eskimos doivent nous apporter du café. Les Grönlandais arrivés au campement, Dietrichson passe l’inspection de tous les paquets dont ils sont chargés. Nansen m’avait envoyé une pipe et du tabac, je me mets à fumer pendant que les autres mangent. Nous coupons des tartines, les recouvrons d’un demi-pouce de beurre et par-dessus étendons du lard ; après cela nous prenons le café. »

« Pendant que nous mangions, écrit Dietrichson, nous entendons encore un coup de feu dans la direction du promontoire où j’ai rencontré les Eskimos, et bientôt après nous apercevons deux hommes. Ils nous remettent des lettres d’Umanak, une du koloni-bestyrer Bistrup, une autre de Möller, le journaliste grönlandais, et une troisième de M. Heinecke, missionnaire allemand. En outre, ces deux exprès nous apportaient des vivres.

« La lecture de ces lettres nous cause une douce joie. Elles sont conçues en termes si chaleureux et si affectueux ! Bientôt nous trouverons des gens joyeux de notre succès qui nous recevront les bras ouverts.

« Les deux indigènes arrivés d’Umanak restèrent avec nous, tandis que Terkel et Hoscas repartirent aussitôt. Kristianscn et Balto les accompagnèrent jusqu’à la pointe où ils avaient laissé leurs kayaks, pour nous rapporter les vivres confiés à ces deux Eskimos.

« Au retour de Balto et de Kristiansen commença de nouveau un joyeux déballage, écrit Dietrichson. A chaque sac qu’on ouvrait, c’étaient des cris de joie. Un paquet contenait des bouteilles d’eau-de-vie, un autre du sucre, un troisième de la bougie. Aussitôt nous allumons nos luminaires, préparons un grog et fumons des cigares devant la tente. Nansen m’écrivait que Sverdrup et lui vivaient comme des princes chez le directeur de Godthaab ; non