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a travers le grönland.

dangereuse ; pour ne pas effondrer la glace, il dut s’avancer en rampant.

Le 29 septembre, la caravane en route pour le sud atteignit de nouveau le Langvand. Balto traversa un petit bras du lac sur ses ski en tirant un traîneau. « Tout en marchant je m’occupais, écrit Dietrichson, de dresser la carte de la vallée ; ce travail m’obligeait à des haltes fréquentes : aussi, pour gagner du temps, je résolus de traverser le lac comme l’avait fait Balto. Je chausse mes ski et m’avance sur la glace en halant un traîneau. Tout à coup, arrivé au milieu de la nappe d’eau, je sens la glace ployer sous moi, je continue à avancer avec précaution, mais la couche cristalline devient de plus en plus faible et finalement se rompt sous mon poids. J’ai heureusement la présence d’esprit de lâcher mes patins et puis de gagner La rive à la nage. »

Balto, lui aussi, avait failli tomber à l’eau. Il raconte cet incident dans les termes suivants : « Craignant que Dietrichson ne s’aventurât sur cette mauvaise glace, je courus au sommet d’un monticule et donnai un coup de bouquin pour savoir où il se trouvait. Immédiatement il me répond. Une fois arrivé au sommet du mamelon, j’aperçois notre camarade sur la glace. Voyant sa position dangereuse, je lui crie immédiatement de se diriger vers la rive. Dietrichson continue néanmoins à avancer et bientôt tombe à l’eau. « Laissez là le traîneau, et nagez vers la rive », lui criai-je. Notre camarade suivit mon conseil et fut ainsi sauvé. Resta il maintenant à amener le traîneau à terre. Malgré mes conseils, Dietrichson se remet en route pour aller le chercher, mais une seconde fois la glace cassa sous lui et le voilà de nouveau à l’eau jusqu’au cou. Sur ces entrefaites, Kristiansen, arrivé au sommet d’un mamelon, me demande la cause de tous ces cris. « Apporte une corde et un bâton, lui répondis-je : Dietrichson est tombé à l’eau et le traîneau esl resté sur la glace. » Redoutant un malheur, Kristiansen accourt en toute diligence, et avec son aide nous réussissons à amener le traîneau. Après cet incident, nous nous dirigeons vers le bivouac, où un excellent café nous attendait. Dietrichson était trempé comme une soupe. »

« Quelques heures au delà du Gaasedam, écrit Dietrichson à la date du 26 octobre, nous arrivons à une pente rapide relativement