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à travers le grönland.

nant, par exemple, il ne manquera pas d’avaler une bonne lampée.

Au delà, nous rencontrons le glacier le plus difficile que nous ayons trouvé jusqu’ici. Il n’est cependant pas absolument impossible de passer par là ; des crêtes de glaces tranchantes s’élèvent de tous côtés ; entre elles s’ouvrent de larges et profondes crevasses ; en certains endroits s’étendent de petites nappes d’eau recouvertes d’une mince couche de glace qui s’effondre sous nos pas.

L’obscurité arrive au moment où nous battons en retraite. Le retour est très pénible ; aussi, avec quelle joie apercevons-nous la tente ! Avant de l’atteindre, nous ne pouvons nous empêcher d’avaler encore une bonne quantité d’eau. C’est si bon de pouvoir enfin boire à sa soif !

De retour à la tente, il nous arrive une bonne odeur de soupe chaude. Balto est tout fier d’avoir exécuté ponctuellement mes ordres ; le repas est prêt, à table ! Avec quel appétit nous mangeons, je vous laisse à penser ; Ravna affirme n’avoir jamais mangé jusqu’ici à sa faim, n’ayant pu boire suffisamment d’eau. Aussi a-t-il économisé sur ses rations, et, à notre barbe, le voilà qui avale quatre ou cinq biscuits à la viande qu’il a en réserve. Après le souper, grog au citron, qu’on déguste au chaud dans les sacs de couchage.


PREMIÈRE TENTATIVE DE METTRE À LA VOILE, LE 19 SEPTEMBRE.
(DESSIN D’A. BLOCH.)