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ÉQUIPEMENT.

d’équipement soient solides. Enfin nos vêtements devaient être chauds — nous ne savions quelle température nous trouverions sur l’inlandsis — et l’alimentation nourrissante et variée. Dans une entreprise comme la nôtre, un des engins les plus importants est le traîneau.

Les précédentes expéditions arctiques, surtout celles organisées par les Anglais, ont accompli de longs voyages en traîneau. Je pensai donc que le véhicule employé dans les explorations de ce genre avait été très perfectionné. C’était une erreur, et il est permis de s’étonner que des expéditions récentes, comme celles des Allemands sur la côte orientale du Grönland (1869-1870), de Payer et Weyprecht à la Terre François-Joseph (1872-1874) et de Nares (1875-1876), se soient servies de traîneaux fort incommodes. L’expédition de Greely (1881-1884) et celle envoyée à sa recherche sous le commandement de Schley et Soley (1884) étaient sous ce rapport mieux équipées. Les traîneaux employés dans la plupart de ces explorations avaient l’inconvénient d’être lourds et trop grands ; de plus, garnis de patins étroits, ils enfonçaient profondément dans la neige.

Quelques voyageurs, notamment Franklin lors de sa première expédition, se sont servis des toboggans[1], en usage chez les Indiens d’Amérique. L’Anglais Rac et plus tard Greely avaient des véhicules analogues montés sur des patins bas et étroits. Dans la neige pulvérulente, les tobaggans présentent des avantages, mais lorsque la neige est gelée, le frottement devient beaucoup trop considérable et retarde la marche. Un très petit nombre d’explorateurs ont songé à monter leurs traîneaux sur de larges patins. Cette omission nous frappe surtout, nous autres Norvégiens, habitués aux skikjælk.

Le skikjælk est un petit traîneau reposant sur de larges patins[2] presque semblables aux ski, que les paysans de Norvège emploient pour transporter des charges de bois ou de foin. On le hale avec une corde, et à l’aide d’un bâton fixé sur le côté on le dirige pour l’empêcher d’arriver dans les jambes du patineur lorsqu’il descend

  1. Traîneaux formés d’une simple planche de bouleau courbée en avant ; ces traîneaux mesurent une longueur de 2 m. 05 et une largeur de 46 centimètres, quelquefois plus.
  2. Payer, dans la relation du voyage de l’expédition austro-hongroise, raconte que les larges patins facilitent la marche dans la neige profonde. Ils doivent mesurer, dit-il, une largeur de 7 centimètres.