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a travers le grönland.

la neige plus résistante, nous prenons le parti de marcher le jour. À dix heures du soir le campement est établi.


l’anikitsok et les nanatk johnstrup et kornerup.
(dessin de f. nansen, d’après une photographie.)

Pour alléger nos bagages je résolus d’abandonner les toiles imperméables qui protégeaient nos sacs de couchage. À la distance où nous nous trouvions de la côte, nous n’avions plus à craindre la pluie. Ces prélarts sont inflammables, voilà du combustible tout trouvé, et bientôt la cuisine est installée avec une boîte à conserves vide placée sur un fragment de la quille des patins des traîneaux. La boîte est remplie d’eau, et le feu, entretenu à l’aide des imperméables découpés en petits morceaux, flambe très bien ; la vue de ce petit brasier fait plaisir à tous : mais en ce bas monde les joies durent peu. Bientôt la tente est complètement remplie de fumée, on ouvre la porte, et quoiqu’il en sorte un peu par cette ouverture, le nuage augmente rapidement d’épaisseur. La plupart de mes camarades s’enferment alors dans les sacs de couchage, un ou deux durent cependant rester debout pour entretenir le feu. Puis la neige fond, mais en même temps la marmite commence à fuir. Il faut maintenant transvaser l’eau dans une autre boîte. Enfin le thé est prêt. Le lendemain, nous fîmes également la cuisine avec les imperméables des traîneaux, mais le foyer fut établi hors de la tente.