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départ de la côte orientale. — escalade de l’inlandsis.

son traîneau. Sverdrup et moi sommes toujours attelés au plus lourd véhicule, en tête de la caravane. La pluie des derniers jours a rendu la neige résistante. Nous enfonçons cependant encore ; viennent des gelées et tout sera pour le mieux. Le glacier est toujours accidenté. Voici en quels termes Balto raconte cette partie du voyage :

« Le 20 (il veut parler du 22), le glacier était très inégal, accidenté par de grandes ondulations comme les vagues de la mer. Il était terriblement pénible de haler les traîneaux au sommet de ces monticules, et quand on en descendait les pentes, des morceaux de glace roulaient sur vous. Les épaules, endolories par les bretelles des traîneaux, brûlaient littéralement. »


le kiatak, vue de l’inlandsis. 20 août. (d’après une esquisse de m. nansen.)

Vers les huit heures du soir, le ciel semble s’éclaircir ; si les nuages se dispersaient, pour sûr il gèlerait. Nous prenons donc le parti de camper et d’attendre que la neige ait durci.

Le lendemain (21 août), à quatre heures du matin, réveil. Pas un nuage au ciel. Bien que le thermomètre s’élève encore à quelques degrés au-dessus de zéro, la neige porte parfaitement. La pente est rapide, et les crevasses larges et nombreuses ; néanmoins nous réussissons à avancer rapidement et sans incident. Dans la matinée un beau soleil amollit le névé. Le traînage devient alors pénible, de plus nous souffrons cruellement de la soif ; pas un filet d’eau dans