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historique des explorations dans l’intérieur du grönland.

de — 6 à + 8 degrés centigrades et amollit la couche de neige superficielle. Le vent présentait tous les caractères du fœhn.

Le 11 juillet, à l’altitude de 1700 mètres, fut établi un nouveau dépöt de vivres. Le 17 au matin, la petite caravane se trouvait à environ 160 kilomètres de la lisière occidentale de l’inlandsis el à une hauteur d’environ 2 290 mètres. Après avoir été arrêtée pendant deux jours en ce point par une tourmente, elle battit en retraite. Un vent d’est s’étant levé, Peary et Maigaard attachèrent l’un contre l’autre leurs deux traîneaux, établirent au-dessus un gréement et marchèrent à la voile pendant trois jours.

Dans la matinée du 24 juillet, les deux explorateurs atteignirent les bords du Pakitsokfjord, après avoir passé vingt-trois jours sur l’inlandsis.

La partie du glacier parcourue par Peary était beaucoup moins accidentée que celle traversée par Nordenskiöld en 1883. Peu ou point de crevasses et partout une couche de neige sèche, épaisse de 1 m. 50.

Peary a déterminé sa position en longitude par des observations exécutées le 19 juillet. L’expression employée par lui à ce sujet est du reste peu explicite ; dans sa relation il parle de hauteurs circumméridiennes, Maigaard emploie également le même terme. Les observations de hauteurs prises à midi sont, comme on le sait, très approximatives pour le calcul de la longitude. En place de chronomètre, Peary se servait d’une montre qu’il assure être très bonne : mais, une fois de retour sur la côte, il ne semble avoir fait aucune observation pour vérifier sa marche. La distance parcourue qu’il indique est donc, à mon avis, exagérée.

Les expéditions dont je viens de résumer les résultats avaient fait connaître la lisière occidentale de l’inlandsis et révélé l’existence, dans l’intérieur du pays, d’une immense plaine de neige, mais il restait encore beaucoup à apprendre de cette énorme carapace de glace ; pour lui arracher ses secrets nous avons alors entrepris l’expédition que je vais raconter.

En 1888, le versant oriental de l’inlandsis était très peu connu ; l’expédition du commandant Holm n’avait point abordé le glacier. Une étude de cette partie de l’inlandsis devait donc avoir une grande