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historique des explorations dans l’intérieur du grönland.

ment une reconnaissance préliminaire à un grand voyage d’exploration.

Arrivé à Jakobshavn le 15 juin, Whymper partit trois jours après, accompagné de trois Eskimos, pour une première excursion à la lisière de l’inlandsis au fond de la branche méridionale de l’Hordlekfjord. Il voulait reconnaître si cette localité pouvait être choisie comme point de départ d’une exploration, et s’il était possible de se servir de chiens et de traîneaux sur le glacier. Au premier coup d’œil, l’inlandsis parut à Whymper beaucoup plus unie qu’il ne l’avait supposé. La caravane avança sans difficulté, et à mesure qu’elle s’éloignait de la lisière du glacier, la neige était plus résistante. Arrivé à une altitude de 350 mètres et à une certaine distance de la côte, l’explorateur anglais battit en retraite ; il avait atteint le but qu’il se proposait, il avait reconnu que la surface du glacier se prêtait au traînage, et les Eskimos lui assuraient que sur cette neige des traîneaux halés par des chiens pouvaient parcourir « 35 à 40 milles par jour ». Whymper revint à Jakobshavn, plein d’espoir : « aucun obstacle ne semblait devoir arrêter la marche à travers le Grönland ».

Au fond de l’Hordlekfjord, l’inlandsis n’atteint pas le niveau de l’océan. Whymper s’occupa alors de rechercher un glacier s’abaissant jusqu’à la mer afin de faciliter le transport du matériel. Dans cette pensée il entreprit, du 24 au 27 juin, une reconnaissance sur la lisière de l’inlandsis dans le fjord de Jakobshavn. La surface du glacier étant très accidentée de ce côté, Whymper résolut de partir du fond de l’Hordlekfjord. Malheureusement à cette époque régnait parmi les indigènes de la baie de Disko une terrible épidémie. Sur les 300 habitants de Jakobshavn, 100 étaient malades. En outre, une maladie décimait les chiens, et Whymper ne put que très difficilement se procurer les animaux dont il avait besoin. Pour construire les traîneaux il avait apporté d’Europe le bois nécessaire, mais en ce moment tous les menuisiers étaient occupés à fabriquer des cercueils. Dans ces conditions, force fut de se servir des traîneaux grönlandais, dont la résistance est très faible et qui ne sont pas pratiques pour des expéditions sur les glaciers. La nourriture des hommes et des attelages devait se composer de pemmican