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notre dernier campement sur la côte orientale.

temps de souper. Nous nous asseyons sur les raquettes et avalons à la hâte nos provisions. Maintenant en route pour le campement, dont nous sommes éloignés d’une vingtaine de kilomètres. Ne voulant pas retourner par le chemin que nous avons suivi en montant, nous nous proposons d’aller reconnaître le glacier dans la direction sud. Nous pensons qu’un des pics situés dans le pays de Jensen serait un excellent point de départ. Le long de ses flancs on pourrait s’élever très haut sur le rocher et éviter ainsi la partie la plus tourmentée de l’extrémité inférieure de l’inlandsis.


nous passons à plat ventre les ponts de neige fragiles.
(dessin d’e. nielsen, d’après un croquis de l’auteur.)

Il commence à se faire tard, mais, grâce au crépuscule, nous pourrons trouver facilement notre route. La neige est toujours molle, et, pour faciliter la marche, nous chaussons les raquettes norvégiennes ; grâce à ces patins nous enfonçons moins.

La descente s’opère dans la direction du sud. Bientôt l’obscurité nous surprend et il devient malaisé de distinguer les crevasses. Ici, elles sont rares, mais plus bas très nombreuses. Pour les éviter, nous suivons une arête entre deux dépressions. Pendant quelque temps nous avançons rapidement sur cette crête ; la neige devient plus ferme, et Sverdrup enlève ses raquettes. Les rochers où nous espérons trouver de l’eau et nous reposer ne sont plus loin maintenant. Avec quelle envie nous les regar-