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navigation au milieu des isbergs.

gnées. D’après la carte, nous en sommes encore distants de 28 milles ; mais je n’en dis rien à nos compagnons. Pensant que nous arriverions le soir même au pied du Kiatak, ils ramaient plus vigoureusement que d’habitude.

Dans la soirée très tard nous arrivons au cap Kangerajuk, où, entre de grands glaciers, s’élève un petit espace rocheux (64°4’ de lat. N., 40°54’ long. 0.). Nous halons à terre les canots, mais impossible de trouver un emplacement pour dresser la lente. Les sacs de couchage sont étendus par terre en deux endroits où le sol est relativement plat, et nous nous endormons. La nuit la rosée est abondante, et à chaque instant se détachent des glaciers et des isbcrgs voisins d’énormes blocs avec un bruit de canonnade. Pareil vacarme n’entretient pas précisément le sommeil.


vue prise de notre bivouac de kangerajuk dans la direction du nord (d’après une photographie.)

Le lendemain (10 août) je suis réveillé de bon matin par un renard. Le soleil est étincelant, aussitôt je sors de mon sac pour prendre une photographie du paysage. Dans le fond apparaît un des puissants glaciers des Kolberger Heide ; au premier plan on voit mes camarades endormis. Dans le lointain se dresse le cône du Kiatak, au pied duquel se terminera notre étape d’aujourd’hui.