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toujours par signes, bien entendu, si nous nous dirigeons vers le nord. Sur notre réponse affirmative, la figure de notre homme rayonne de joie, lui et les siens vont nous accompagner.

Les indigènes que nous avions vus la veille devaient au contraire faire route vers le sud. Avant de nous séparer, c’est pour nous un devoir de leur donner quelque chose, en échange des cadeaux
départ des kayaks.
(dessin d’a. bloch, d’après une photographie.)
que nous avons reçus. J’entre dans la tente de nos amis et remets à chacun d’eux une belle boîte de conserves vide. Tous sont enchantés de ce beau présent, et quelques-uns s’empressent de me montrer qu’ils s’en serviront comme de verres. Dehors, je retrouve l’homme au fusil ; il me renouvelle sa demande de poudre ; lui ayant donné une grande boîte en fer-blanc, je le laisse très satisfait de nous.

Les lentes en peau sont bientôt abattues et empaquetées dans les oumiaks. En peu de temps les Eskimos peuvent embarquer tout leur mobilier. Deux oumiaks firent route au sud à travers un chenal ouvert, pendant que deux autres embarcations disparaissaient bientôt derrière un promontoire situé au nord. Les kayaks étaient restés en arrière ; avant de se séparer, peut-être pour plusieurs années, les hommes voulurent s’adresser un adieu particulièrement cordial. Il y avait là une douzaine de ces canots, tous rangés en ligne. Je ne tardai pas à comprendre la raison de cette manœuvre, en voyant les tabatières circuler. Chaque homme se bourre les narines au moins deux fois. Quelques-uns éternuent sans interruption, et c’est véritablement extraordinaire qu’ils puissent garder