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avancer vers l’est en longeant la côte. Pareil plan de voyage fut exposé dès 1664 par P.-H. Resen[1], et en 1703 par Arngrim Vidalin.

Hans Egede, l’apôtre du Grönland, supposant, comme nous l’avons raconté plus haut, que l’Österbygd avait dû être située sur la côte orientale, entreprit en 1723 un voyage pour atteindre cette partie du littoral. Arrivé le 26 août à Nanortalik, près du cap Farvel, il rebroussa chemin, faute de provisions suffisantes. Le meilleur moyen pour atteindre l’Österbygd était à son avis de longer la côte dans des embarcations grönlandaises.

En 1753 Mathias Jochimsen partit de Godthaab pour mettre ce plan à exécution ; par 61° de latitude nord, il fut arrêté par les glaces.

Plus heureux fut le brave Peder Olsen Wallöe. En août 1751, il quitta Godthaab dans un oumiak[2] monté par quatre Eskimos et deux Européens. Cette année-là, il atteignit seulement la région où se trouve aujourd’hui Julianehaab, y fit des recherches et y hiverna. L’année suivante, il doubla le cap Farvel, remonta la côte orientale jusqu’à une île qu’il appelle « Nenese », située par 60° 56’( ?) de latitude nord, puis là battit en retraite. Wallöe est le premier Européen qui ait atteint la partie méridionale de la côte est. Ce brave voyageur ne fut guère récompensé de son succès : revenu en Danemark, il vécut misérablement et mourut en 1795 à l’hôpital Vartov, à Copenhague, à l’âge de soixante-dix-sept ans.

A la fin du xviiie siècle, Eggers prouva que l’Österbygd était situé sur la côte sud-ouest et qu’on avait été jusque-là trompé sur sa véritable position par une interprétation erronée des anciens documents.

En 1829-1850, le capitaine de la marine royale danoise W.-A. Graah accomplit son célèbre voyage en oumiak, le long de la côte orientale du Grônland[3]. Le 1er avril, il atteint ce littoral et le 20 juin, par 61° 49’, prend le parti de se séparer de ses compagnons européens et de poursuivre seul le voyage dans un oumiak monté par six Eskimos. Sept jours après, par 63° 37’, les Grönlandais l’abandonnent, sauf trois jeunes filles qu’il décide à venir avec lui comme rameuses. Le 23 juillet, Graah campe sur une île qu’il appelle Vendom (Retour),

  1. Meddelelser om Grönland, Copenhague, 1889, vol. IX, p. 26.
  2. Grand canot indigène en peau de phoque. (Note du traducteur.)
  3. W.-A. Graah, Undersögelses-Reise til Ostkysten af Grönland, Copenhague, 1832.