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à travers le grönland.

Le 18 juillet 1860, Mac Clintock arriva avec le Bulldog en vue du cap Walloë (60° 34’ de latitude), et y fut arrêté par la banquise. Après cette tentative, il se dirigea vers la côte occidentale, puis vers l’Amérique. Revenant en Angleterre après avoir relâché à Julianehaab, il s’approcha une seconde fois de la côte orientale. Le 8 octobre, le Bulldog se trouvait dans le voisinage du détroit du Prince-Christian très près de terre (60° 2’ de latitude nord) ; la glace était très clairsemée. Dans la nuit une violente tempête obligea le navire de gagner la pleine mer.

La même année, le 11 septembre, le colonel Schaffner revint sur la côte orientale, à bord du Fox, vapeur en bois, commandé par le célèbre explorateur polaire sir Allen Young. Il réussit seulement à approcher du cap Bille (62° de latitude nord). Cette expédition et celle du Bulldog avaient été entreprises pour s’assurer de la possibilité de faire atterrir un câble télégraphique au Grönland. D’après les renseignements que m’a donnés Allen Young, il aurait pu débarquer au cap Bille, néanmoins le navire en resta éloigné de plusieurs milles.

Le 12 septembre, par 61° 54’de latitude nord, la glace était compacte le long de terre.

Le lendemain, le navire fut arrêté par la banquise à trois-quarts de mille de la côte près d’Omenarsuk. La couleur foncée du ciel au-dessus du fjord de Lindenov fit penser au capitaine Allen Young que la mer était libre dans cette direction et que l’atterrissement était par suite possible. Dans la soirée, une tempête obligea le Fox à prendre le large.

En 1863, deux vapeurs en fer, le Baron-Hambro et la Caroline, essayèrent d’atteindre cette côte. Ils avaient été armés par une maison anglaise qui avait obtenu du gouvernement danois le privilège de fonder un comptoir sur la côte orientale du Grönland. L’expédition, commandée par l’Anglais Taylor, partit de Hambourg le 21 août, pensant trouver la mer libre à cette époque tardive. Cet espoir fut déçu : partout l’accès de la côte était barré par des masses de glace impénétrables pour des navires en fer.

En 1865, Taylor revint dans ces parages avec l’Erik, un vapeur en bois construit pour la navigation dans les mers polaires. Par deux