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toujours en dérive.

nuit. Au-dessus des champs de glace, la lune s’est levée toute rouge ; et, dans la direction du nord, s’étend une lueur jaune crépusculaire. Sous la lune, par delà la banquise, miroite la pleine mer, tandis que vers l’ouest les pics élancés de la côte se détachent sur un ciel clair obscur ; tout autour de nous rien que de la glace et de la neige. C’est une belle nuit d’été, mais dans le paysage rien ne rappelle que nous sommes en été.


CLAIR DE LUNE SUR LA BANQUISE.
(DESSIN d’E. NIELSEN, D’APRÈS UN CROQUIS DE M. NANSEN.)

« Devant moi se trouvent les embarcations, les traîneaux et la tente où reposent mes camarades. À côté s’étend une petite flaque d’eau dans laquelle la lune se reflète.

« Nous sommes contraints à l’inaction. Les glaçons sont trop écartés les uns des autres pour que nous puissions haler les embarcations et les traîneaux, et en même temps trop serrés pour qu’il soit possible de naviguer.

« La pluie nous oblige à rester dans la tente.

« Nous nous occupons de remonter le moral des Lapons. Craignant d’atteindre de nouveau la pleine mer, ils sont découragés. Nous sommes persuadés que nous pourrons débarquer près du cap Farvel. Nous calculons la date probable de notre arrivée dans ces parages et reconnaissons que nous aurons ensuite le temps de remonter la côte orientale et d’entreprendre la traversée du Grön-