visages. Ces braves gens songent que c’est peut-être la dernière fois qu’ils nous voient. Nous prenons congé de ces matelots qui sont devenus pour nous de bons amis, puis nous serrons la main au capitaine Jacobsen. Cet excellent homme nous adresse, avec son calme habituel, un adieu bien senti et nous exprime ses souhaits de succès. Nous descendons l’escalier, et embarque ! Je prends la direction du canot du Jason ramé par Dietrichson et Balto, Sverdrup celui de l’autre embarcation, où se trouvent Ravna et Kristiansen.
Paré ! Avant partout ! et les canots glissent sur la surface sombre de la mer. En même temps les soixante-quatre hommes du Jason poussent trois hourras, et les deux canons du navire nous envoient un dernier adieu dont le grondement roule longtemps dans cet air humide. Les derniers liens qui nous rattachaient au monde civilisé sont maintenant rompus. Adieu tous ! Nous sommes confiants dans le succès ; nous aurons à endurer des souffrances, à affronter des dangers, mais nous avons le ferme espoir de sortir victorieux de la lutte.
(DESSIN DE M. NANSENX, D’APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.)