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les conquêtes du commandant belormeau

dans la peine, plus que dans la joie, c’est l’heure de Dieu.

Il ajouta, timidement :

— Devrons-nous nous rencontrer ?

— Non, Michel a pensé que cela vous serait pénible, à l’un comme à l’autre ; Valentine est chez son oncle.

Il la salua pour prendre congé ; elle, le retint par la main.

— Philippe, quand nous reverrons-nous ?

— Si j’étais courageux, je vous dirais : bientôt, mais je ne le suis pas… Je ne sais pas, madame Michel.

— Le temps adoucira les choses ; vous nous reviendrez, Philippe ?

Il secoua la tête et sortit d’un pas mal assuré.

La mère de Valentine le suivit un instant des yeux.

— Quel dommage ! fit-elle. Ma pauvre fille ne retrouvera pas un cœur comme celui-là.

Quelques jours de calme plat suivirent la fête de Noël.

Valentine était triste, profondément, sans qu’elle cherchât bien à savoir pourquoi, mais elle était soulagée. Elle avait enfin rompu avec une situation qui devenait intolérable.

Ses parents, après le premier moment de déception et de vif mécontentement, commençaient à se résigner à l’irréparable ; mais la secousse avait ébranlé l’aïeul qui, tout dolent, demeurait dans sa chambre.

Nanniche qui trouvait que la solennité de Noël n’avait pas été convenablement fêtée par ses maîtres, boudait ; mais par compensation, elle gardait le silence, ce dont nul ne se plaignait.

Le commandant Belormeau, pris par des réceptions officielles, dut négliger ses amis, mais s’il venait de moins en moins chez François, il trouvait toujours un instant pour se rendre chez Michel.

Un soir que Minna était chez sa cousine, l’officier arriva à l’improviste et Valentine, surprise, ne sut pas maîtriser son trouble.