Page:Nalim - Les conquêtes du commandant Belormeau, 1927.pdf/90

Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
les conquêtes du commandant belormeau

vait ouverte, il vit qu’aucun préparatif n’était fait pour le déjeuner des fiançailles ; pas de nappe blanche, pas de cristaux, pas de gui perlé dans les vases, et son cœur se crispa. Mme  Michel l’emmenait dans le bureau de son mari.

— Mon cher Philippe, mon pauvre enfant… fit-elle, sans prendre le temps de le faire asseoir.

— Que se passe-t-il, madame ? demanda le jeune homme qui pâlit.

— Voici : nos jolis projets sont un peu dérangés… Valentine…

— Elle ne veut pas, dit-il d’une voix étouffée.

— Eh bien ! non… oh ! rien de blessant pour vous, Philippe ; elle a beaucoup d’estime, beaucoup d’amitié même, pour l’honnête homme que vous êtes… C’est bien parce que cela lui coûtait, qu’elle a tant tardé.

— Oh ! je sais… fit-il, avec un petit sourire navré. Elle en aime un autre !

— Je ne crois pas ! dit la mère, en le regardant avec des yeux interrogateurs. C’est une enfant encore… Philippe, je veux garder l’espoir qu’un jour, peut-être, nous reprendrons notre projet d’alliance ?

— Non, n’en parlons plus, fit-il, en repoussant tout au fond de sa poche, certain écrin de velours bleu dont le poids, soudain, lui écrasait le cœur.

Le jeune homme prit son chapeau qu’il avait jeté sur un siège et se dirigea vers la porte.

— Vous partez, Philippe ?… Déjà ?… N’irez-vous pas saluer grand-père Frantz ?

— Non, madame, pas maintenant.

— Mais, mon pauvre enfant, reprit-elle, ne pouvant se résigner à le laisser s’éloigner ainsi, cherchant quelque moyen de lui témoigner son amitié, il vous faudra déjeuner…

— Merci, ne vous inquiétez pas de moi… Voici la messe qui sonne… Je ne veux pas être en retard ;