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les conquêtes du commandant belormeau

qu’elle avait le ferme dessein de garder sa liberté… Se taire, pour gagner du temps et ménager son père, elle ne le pouvait. Sa conduite eût été trop déloyale, vis-à-vis de Philippe qui ne le méritait pas.

Elle devait se prononcer, et le plus tôt serait le mieux.

Mais le mot décisif qu’elle attendait du commandant Belormeau n’avait pas été dit ; ce mot magique eût aplani les difficultés de la situation.

La jeune fille se rendait bien compte que, si le commandant l’eût demandée en mariage, ses parents, avec regret, peut-être à cause de Philippe, mais sans hésitation, à cause de sa joie à elle, eussent accueilli sa recherche. C’était une tout autre affaire que de leur opposer l’aveu d’un sentiment dont elle ne pouvait affirmer la réciprocité, puisque la preuve ardemment souhaitée lui manquait encore.

Nerveuse et timide, la jeune fille redoutait le mécontentement de son père qui n’admettrait jamais qu’elle eût laissé venir les choses à ce point, si elle était résolue à ne pas épouser Philippe Artevelle.

Indécise, troublée, elle se disait chaque soir : « Je parlerai demain » ; chaque matin : « Je prendrai une décision aujourd’hui ». Et les jours passaient.

Sans vouloir se l’avouer, tout au fond de son cœur, elle gardait le tenace espoir que le commandant ferait une démarche avant le moment redouté. Celui-ci approchait ; une semaine à peine séparait de la fête de Noël. Plus d’excuse pour tergiverser.

Le commandant, venu dîner la veille, ne s’était pas montré moins tendre. Obsédée par sa préoccupation, elle avait, à diverses reprises, levé sur lui ses yeux sombres pleins d’un mystérieux et muet appel.

Très expert en manœuvres, c’était, au reste, son métier qui le voulait, le commandant s’était arrangé pour pouvoir échanger quelques mots avec Valentine.