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les conquêtes du commandant belormeau

près du poêle de faïence qui ronronnait doucement, il était triste et il rêvait. Le jeune homme se rendait parfaitement compte qu’il perdait, chaque jour, du terrain dans le cœur de Valentine. Il se rendait compte, également, qu’il n’avait pas su la conquérir. Malhabile et surtout timide, il n’essayait pas même de lutter contre les influences pernicieuses qu’il devinait autour de la jeune fille, trop convaincu de son impuissance qui le faisait cruellement souffrir.

La lettre de Michel Stenneverck le surprit et le réconforta, soudain, car si les parents fixaient l’époque des fiançailles, c’est que Valentine y avait consenti.

Certes, il savait bien qu’elle n’avait pas d’amour pour lui, mais il l’aimait assez pour être heureux de la posséder quand même et pour garder l’espoir de la conquérir.

Il écrivit donc et sa plume tremblait un peu entre ses doigts.

« Cher monsieur, j’ose à peine croire à la bonne nouvelle que m’apporte votre lettre, tant je la supposais plus lointaine. Vous savez avec quelle joie j’entre dans votre famille et j’espère ne jamais vous faire repentir de m’avoir confié Valentine.

« J’attends avec une douce impatience le moment de me présenter, à vous, avec l’anneau des fiançailles que vous m’autorisez à apporter.

« Votre bien affectionné, Philippe. »

François Stenneverck, sanguin et assez violent, fit un beau tapage en recevant la réponse de Pierre Artevelle.

Il fit comparaître Minna et la somma rudement d’avoir à s’expliquer sur les motifs de la rupture.

— Mon père, dit-elle, je ne m’explique, pas plus que vous, la conduite de Pierre à mon endroit.

— Il prétend que tu ne l’aimes pas ?

— Il sait fort bien le contraire, dit tout simplement Minna.