Ah ! qu’elle planait loin de Nanniche !
Mme Michel, plus portée à surveiller sa servante que sa fille ayant eu, jusqu’à ce jour, de bonnes raisons pour cela, détournait souvent ses yeux soupçonneux, du beau couple qui s’entretenait près de la fenêtre, pour suivre la ronde silhouette de la nièce de Catherine.
C’était toujours à son beau-père qu’elle faisait part de ses observations.
— Avez-vous remarqué, mon père, comme Annette est insupportable ; dès que nous avons un visiteur, il lui faut trouver un prétexte pour entrer.
— Surtout quand le visiteur est le commandant Belormeau.
— Cela ne vous a pas échappé, mon père ? Cette fille est d’une effronterie.
— Que voulez-vous, ma bru, un chien regarde bien un évêque, comme on dit chez nous ; pourquoi Nanniche ne regarderait-elle pas un officier si bien équipé ?
Mme Michel lissa, de son doigt, son front soucieux.
— L’attitude du commandant est absolument correcte, reprit-elle ; pourtant, je me demande si au cours de ses allées et venues, dans la maison, il ne se laisse pas un peu arrêter par Nanniche.
— Vous vous faites des imaginations, ma bru ; un homme de ce rang n’a guère de familiarités avec une servante.
— Je le pense ; pourtant… ne trouvez-vous pas, lorsque le commandant nous visite, qu’il s’écoule toujours un temps assez long entre son coup de sonnette, et son entrée dans le parloir.
— Si Nanniche lui tient conversation, dans le couloir…
— Elle en serait bien capable, mon père…, puis il y a encore autre chose… Le soir, quand le commandant se retire, je puis me rendre à la cuisine, Nanniche est introuvable.