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V


Le commandant Belormeau avait été également reçu chez Michel Stenneverck, le filateur. Il trouva dans la maison de celui-ci plus de luxe que chez son frère, mais une moins grande liberté d’allures ; il aurait été tenté de s’en plaindre, s’il n’eût deviné, chez Valentine, un terrain extrêmement propice à ses entreprises sentimentales.

La jeune fille avait-elle négligé de suivre le conseil de Minna ? N’avait-elle point prié Dieu d’éclairer sa route et la Vierge Marie de la garder de tout danger ? Avait-elle refusé d’entendre le cri d’alarme de son ange gardien ?

Il faut le croire, car son âme traversait une de ces heures troubles et mauvaises qui passent, parfois, sur la jeunesse, comme des nuées d’orage sur le ciel de mai.

Tendre, émotive à l’excès, mal défendue par une éducation trop douce, absolument inexpérimentée des choses de la vie, Valentine devait être la proie qui se jette, d’elle-même, dans les rets du chasseur.

À l’appel romanesque de son cœur, en quête d’une émotion inconnue, la venue du commandant Belor­meau semblait répondre. Elle était tentée d’y voir une solution préparée par la Providence, et, il faut avouer, que le bel officier avait tout ce qu’il fallait pour achever de troubler ce cœur de jeune fille. Le danger devint d’autant plus grand que le comman-